Relation d’un voyage du pôle arctique au pôle antarctique par le centre du monde: Récit sur la Terre Creuse

Ayant toujours eu dès ma jeunesse une très grande passion pour les voyages, j’ai parcouru, pour contenter ma curiosité, toutes les principales parties du vieux et du nouveau Monde ; et, à la fin de ma dernière course, je me trouvai dans la grande et fameuse ville d’Amsterdam, où je fis connaissance avec trois ou quatre gros négociants, qui me dirent qu’ils équipaient un vaisseau pour l’envoyer dans le Groenland à la pêche de la baleine. Nous portâmes avec toutes nos voiles vers une grande côte que nous aperçûmes à l’est, dans l’espérance de pouvoir mettre pied à terre quelque part ; et nous vîmes à une de ses extrémités qui s’avançait vers le Pôle Antarctique, une lumière qui ressemblait assez à l’aurore. Cependant cette lumière dont je viens de parler ayant peu à peu dissipé les nuages qui nous la cachaient, elle s’éleva tout d’un coup et brilla d’une telle sorte à nos yeux, qu’elle nous jeta tous dans l’admiration ; c’était un météore merveilleux, qui formait un ovale parfait d’un bleu très obscur, et qui était tout parsemé d’étoiles : celle du milieu, qui était la plus grande, paraissait dominer sur toutes les autres. Cet admirable phénomène augmenta le jour de moitié sur la côte, tellement que nous pouvions voir plus distinctement tous les objets : aussi en étions-nous déjà fort près et y ayant enfin abordé, comme nous avions dessein d’y mettre pied à terre, nous jetâmes l’ancre.